Histoire du Parfum

Version du 04-12-2017

 

Antiquité - Moyen-Age - Renaissance - Epoque Classique - Siècle des Lumières - Epoque Napoléonienne - Les années 1900 - Les années 1920 - Les années 1930 - Les années 1950 - Les années 1960 - Les années 1970 - Les années 1980 - Les années 1990 - Les années 2000

Voici que des effluves parfumés nous transportent et que ce voyage peut nous mener jusqu'aux confins de la civilisation... L'histoire du parfum se conjugue avec celle de l'humanité : monnaie d'échange, protection contre la maladie, potion aux vertus divines, message galant... le parfum est à chaque époque témoin d'une société et nous renseigne sensiblement sur son sens du commerce, de la médecine, du sacré et de la sensualité. Un monde sans parfum serait un monde sans histoire !

 

Antiquité

Présenté en offrande aux Dieux de toutes les civilisations antiques, le parfum sublime et divinise le corps.
 
Dans les civilisations antiques, de l'Egypte à la Grèce, les "parfums" n'existent pas en tant que tels. Fleurs, plantes aromatiques et résines : ce sont d'abord des matières premières brutes qui sont vouées au culte des Dieux. L'usage des substances odorantes s'intensifie et les supports évoluent rapidement : fumigations, huiles, baumes, liqueurs fermentées… Riches et pauvres l'utilisent dans un effort pour s'approcher du divin : le parfum exalte la beauté et la puissance des Dieux. Avant que la décadence n'entraîne le parfum dans son cortège d'orgies, il sublime le corps et le guérit de ses maux.

 

 

Moyen-Age

Au Moyen-Age, les plantes protègent des épidémies tandis que les parfums venus d'Orient se mêlent aux plaisirs charnels. L'Eglise réprouve les alchimistes.
 
Au Moyen-Age, les Croisés ramènent d'Orient matières premières et techniques du parfum. A la suite des chinois et des arabes, les alchimistes d'Europe découvrent l'alcool éthylique et la distillation. Après les voyages de Marco Polo, irrésistiblement, le commerce des épices s'intensifie.
Les bonnes odeurs — croit-on — désinfectent et protègent des épidémies : les riches portent des boules à parfum remplies de musc, d'ambre ou de résines aromatiques. L'usage du parfum accompagne la naissance d'un certain art de vivre. Les poètes chantent avec lyrisme la féminité. En dépit des mises en garde de l'Eglise, les galants et leurs belles savourent les plaisirs charnels dans la sensualité des bains parfumés.

 

Renaissance 1490-1600

A la renaissance, reines et courtisanes se disputent les recettes des premiers chimistes italiens et découvrent les matières premières d'Asie et d'Amérique.
 
La renaissance propose une nouvelle vision du monde. Architectes, ingénieurs, artistes et érudits voyagent à travers l'Europe. C'est l'âge d'or du mécénat et de l'art. Succédant aux recettes alchimiques, apparaissent les premiers traités de chimie. Vasco de Gama, Christophe Colomb, Magellan, les grands explorateurs ramènent de nouvelles matières premières d'Amérique et d'Inde : cacao, vanille, baume du Pérou, tabac, poivre, girofle, cardamome... A la Cour, grandes amoureuses et femmes de pouvoir rivalisent de secrets de beauté... et de poisons.
Venus d'Espagne et surtout d'Italie avec les Médicis, des parfumeurs étrangers s'installent à Paris et les gants parfumés envahissent la France.

 

 

Epoque Classique 1600-1700

Versailles s'enivre de parfums tandis que les gantiers-parfumeurs-poudriers s'organisent et développent leur commerce.
 
Versailles rayonne et impose sa mode et ses usages. En quatre ans le Roi-Soleil n'a pris qu'un seul bain! La crasse règne, femmes et hommes usent et abusent de parfums et de cosmétiques. Le parlement autorise les maîtres-gantiers à prendre le titre de parfumeurs, puis de poudriers. Montpellier et Grasse se disputent la culture des herbes médicinales et des fleurs, oeillet, violette, lavande, jasmin, rose et tubéreuse.

 


Siècle des Lumières 1700-1789

Coiffure, fards et parfums : au siècle des Lumières, la femme suit avec préciosité les codes de la séduction et découvre la tyrannie de la mode.
 

La Cour de Louis XV est baptisée "la cour parfumée" et l'usage d'un parfum différent chaque jour est prescrit. On y utilise aussi des vinaigres de toilette. Insouciance et fêtes galantes, Marie-Antoinette folâtre. La publicité relaie les canons de l'élégance féminine, qui sont suivis à la lettre. On redécouvre l'hygiène et les goûts olfactifs évoluent vers des parfums plus subtils qui font la fortune des premières grandes maisons parisiennes. Les chimistes de Grasse prospèrent, ils améliorent grandement les techniques d'enfleurage et de distillation. A Cologne, Jean-Marie Farina lance l'eau de Cologne.


 

Epoque Napoléonienne 1789-1860

Après les excès du Directoire et de l'Empire, la femme-fleur de l'époque romantique cherche un parfum délicat qui suggère sa personnalité.
 
1789. L'odeur de la poudre... à canon se répand avec la Révolution française. Les parfums sont honnis. Ils reviennent en grâce sous le Consulat et l'Empire. L'impératrice Joséphine dépense des fortunes en senteurs exotiques et Napoléon abuse des frictions à l'eau de Cologne. Les hygiénistes anglais relancent le goût des bains parfumés. A l'époque romantique les femmes délaissent les fards et les parfums violents.
Le teint pâle, elles s'abandonnent aux langueurs, un mouchoir délicatement parfumé à la main.


 



Parfumerie Moderne 1860-1900

A la fin du 19è s'organisent, autour des femmes de la bourgeoisie, le commerce et l'industrie des parfums. Naissance des premiers produits de synthèse.
 
Après un engouement bref et excessif pour le vétiver et le patchouli sous le second Empire, la deuxième partie du 19è siècle est marquée par le triomphe de la bourgeoisie et la naissance du bon goût olfactif. Le commerce de luxe fleurit, la parfumerie se définit peu à peu comme un art. Coumarine, héliotropine, vanilline, ionone et premiers aldéhydes... la chimie de synthèse et ses notes inédites provoquent une révolution olfactive. C'est la naissance de la parfumerie moderne.


 

Les années 1900-1920

1900 c'est la Belle Epoque, le parfum devient un produit de luxe, il a désormais un nom et un flacon.
 
C'est la Belle Epoque! L'Art Nouveau déclenche l'enthousiasme. Côté parfum, Coty, créateur d'avant-garde conjugue ses talents avec ceux de Lalique et fait du parfum un véritable produit de luxe. Côté mode : adieu faux culs! Poiret réinvente la silhouette de la femme.
Aux Etats-Unis, commence le marché de la beauté avec les premières maisons de soins et de cosmétiques d'Elisabeth Arden et d'Helena Rubinstein. Ce n'est que bien plus tard qu'elles fabriqueront des parfums.


 

Les années 1920-1930

Emancipation et novation, la garçonne des années folles trouve dans les parfums aux aldéhydes une fraîcheur inédite.
 
Dans ces années d'extravagance, les femmes travaillent et s'émancipent. Adieu corsets! C'est l'époque de la garçonne. L'esprit aussi est à la légèreté : on bat des records de vitesse, on danse le charleston et on se pâme pour les stars du cinéma muet. Les aldéhydes amènent un nouveau souffle qui donne fraîcheur et dynamisme aux parfums. L'euphorie s'éteint dans le krack de 29.


 

Les années 1930-1950

La haute couture et le parfum s'associent après guerre : ensemble ils composent pour la femme un modèle de séduction inspiré d'Hollywood.
 
1930, c'est la "grande dépression". Le chômage galope. Puis la guerre éclate : fascisme et génocide. La mode s'adapte aux restrictions. Hollywood est à son zénith, les studios font triompher le star system. Après guerre, Christian Dior lance le New Look qui signe l'arrivée d'autres temps. Au sommaire de Marie Claire, premier hebdo féminin grand public, mode, beauté, roman feuilleton et courrier du coeur. Les couturiers imposent des fragrances de caractère : à chacun son style, on porte un parfum de haute couture pour se singulariser.


Les années 1950-1960

Dans les années 50 le parfum se démocratise. C'est la naissance des eaux de toilette masculines et du parfum américain.
 
Chewing gum, blue jeans et rock'n roll : l'Europe rêve d'Amérique et de sex-symbols tandis que commence la guerre froide. Les arts ménagers transforment le quotidien des femmes. Le prêt à porter supplante peu à peu la confection. Les parfums aussi sont plus accessibles : ils se démocratisent et dispensent des odeurs sages et plus faciles. Les années 50 voient naître les eaux de toilette masculines. Lavande et vétiver signent une élégance discrète et restent attachés au rituel du rasage. L'influence américaine se fait sentir!
Estée Lauder lance son premier parfum.


 


Les années 1960-1970

1960 : La révolution des moeurs et la contestation s'accompagnent d'une nouvelle vague de fraîcheur olfactive.
 
Les années 60, célèbrent le plein emploi et la croissance économique. Le mouvement hyppie né à San Francisco s'étend à l'Europe. Conscience du corps et des sens, c'est la libération sexuelle. "Faites l'amour, pas la guerre". Partout dans la jeunesse souffle un vent de rébellion, depuis les manifs contre la guerre du Vietnam jusqu'à mai 68. Le patchouli envahit la rue mais les maisons de couture ne s'en soucient pas. C'est l'apparition des eaux fraîches comme une envie alternative de légèreté? Ou une critique du parfum?


 


Les années 1970-1980

La femme des années 70 revendique sa différence et affiche un parfum style de vie. L'homme accède aux parfums hors du rituel du rasage.
 
Féminisme, retour à la nature, mouvement gay, punk, néo-romantisme, les années 70 voient l'émergence de styles de vie contrastés.
Le vêtement est un système de signes. Lequel adopter ? Plusieurs tendances coexistent. Pour le parfum aussi, l'important c'est désormais le message qu'il délivre. En France comme aux Etats-Unis naissent des parfums concepts qui séduisent une femme tour à tour sophistiquée et provocante ou naturelle et romantique. Ceux qui ne l'ont pas compris vont à l'échec. Après les eaux de toilette, de véritables parfums masculins font leur entrée sur le marché : l'homme dissocie parfum et après-rasage.


 

Les années 1980-1990

Individualisme et confrontation, le parfum des années 80 est puissant comme les sensations fortes que recherchent les surfeur... et les yuppies.
 
Les années 80 sont des années de sensations fortes. Le mur de Berlin entraîne les idéologies dans sa chute. Hommes et femmes sont au coude à coude dans le marathon de la réussite individuelle. C'est l'explosion du body building et des sports de glisse : le corps doit être rapide et efficace. Le parfum masculin exalte le corps de l'homme, confronté aux éléments naturels. Quant aux femmes, elles marquent le territoire de leurs conquêtes professionnelles par des vestes épaulées et des fragrances puissantes, au bord de susciter le malaise.
Venues des Etats-Unis, les notes fruitées renouvellent la parfumerie pour les femmes et les hommes.

 


Les années 1990-2000

Après une période matérialiste, hommes et femmes aspirent à un monde plus pur, ils s'échangent des parfums, inspirés par la recherche d'une nouvelle fraîcheur.
 
Guerre du golfe et sida : la fin du deuxième millénaire cristallise des peurs inconscientes. Pour échapper à un monde matériel envahissant, on s'éclate au rap ou à la techno, on se réfugie dans le cocooning ou le new age. Internet étire à l'infini les mailles de son filet. C'est le village planétaire. Certains parfums rassurent dans des persistances d'enfance. Ils allient en douceur le goût et l'odeur : vanille, caramel, lait... L'homme s'ouvre au monde des émotions, il se parfume pour séduire. Réaction aux années 80, les nouvelles eaux sentent l'eau comme pour assouvir un désir de purification.
Parfums marins, aquatiques, végétaux puis naturels pour retourner à l'essentiel : la terre, le feu, l'eau, le vent.

 


Les années 2000-2008

Après la quête de simplicité, de transparence et de pureté des années 90, le XXIème siècle affiche un retour au besoin d’entreprendre, d’être maître de son destin.
 
A l’époque des start-up, l’univers urbain est réhabilité. Comme dans FlowerbyKenzo, la nature fait incursion dans une ville dont on reconnaît désormais la force et la beauté. Le 11 septembre et la guerre en Irak ont créé un électrochoc : la priorité est désormais au plaisir immédiat. Les Orientaux gourmands poursuivent leur success-story initiée par Angel. La féminité s’affirme de façon percutante jusqu’à atteindre son paroxysme en 2003 : la tendance ‘porno-chic’ affiche une ‘bad girl’ provocante et instinctive.
Après cette période torride, une transition s’opère vers un retour à l’émotion et à l’authenticité. On observe sur le marché une tendance ‘Vintage’ avec notamment l’explosion des nouveaux Chypres, à l’image de Coco Mademoiselle ; un esprit rétro évident modernisé par des touches florales ou fruitées. De nouvelles valeurs émergent comme l’écologie, le développement durable… des problématiques fédératrices qui génèrent l’apparition d’éco-citoyens. Dans le même temps, les liens intercommunautaires se renforcent. Internet est plus que jamais qualifiable de village planétaire avec l’apparition massive des blogs ou autres réseaux comme MySpace ou FaceBook. Une ouverture évidente qui se traduit dans les codes olfactifs : moins cloisonnée, la parfumerie masculine explore une sensualité intense, orientale voire florale. La parfumerie de niche propose des fragrances mixtes déconnectées des diktats marketings. Et pour satisfaire un besoin croissant de se différencier de la collectivité, le parfum joue les séries limitées, millésimées, exclusives et même le sur-mesure.